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Ministère de la Vérité

Chronologie de la crise climatique

By 27 October 2019November 24th, 20202 Comments

Un demi-siècle de tergiversations et de déni

Les entreprises de combustibles fossiles sont conscientes de leur impact sur la planète depuis au moins les années 1950

Il y a plus de 50 ans, l’industrie pétrolière et les responsables politiques auraient été mis en garde contre les risques que font peser les combustibles fossiles sur le climat.

Pourtant, les 20 entreprises de combustibles fossiles les plus grandes ont continué à se développer. Elles sont à l’origine d’un tiers de toutes les émissions de carbone depuis 1965.

De nouvelles données provenant de chercheurs de renommée mondiale révèlent qu’un groupe d’entreprises étatiques ou multinationales sont à l’origine de l’urgence climatique qui menace l’avenir de l’humanité, et expliquent comment elles ont continué à s’épanouir tout en étant conscientes de l’impact dévastateur du secteur sur la planète.

Etude de responsabilité climatique

Une étude récente révèle que les cinq sociétés pétrolières et gazières les plus grandes cotées en bourse dépensent près de 200 millions de dollars chaque année en lobbying pour retarder, contrôler ou bloquer les politiques de lutte contre le changement climatique.

Selon Richard Heede, chercheur dans le domaine de la responsabilité climatique au Climate Accountability Institute, aux Etats-Unis, les entreprises et les associations industrielles de premier plan étaient conscientes dès la fin des années 1950 de la menace du changement climatique découlant de l’utilisation continue de leurs produits, mais l’avaient sciemment ignorée.

L’étude montre que bon nombre des pires contrevenants sont des entreprises connues partout dans le monde qui dépensent des milliards de dollars pour faire pression sur les gouvernements, tout en se présentant comme respectueux de l’environnement.

Selon Heede, ces entreprises ont «une responsabilité morale, financière et juridique importante face à la crise climatique et une obligation proportionnelle à aider à résoudre le problème…La grande tragédie de la crise climatique est que sept milliards et demi de personnes doivent en payer le prix – sous la forme d’une planète dégradée – pour que deux ou trois dizaines de pollueurs puissent continuer à réaliser des profits record. C’est un grave échec moral de notre système politique….»

Une chronologie publiée dans le quotidien britannique The Guardian montre qui savait quoi, quand ils le savaient, et comment ils ont communiqué ou masqué la menace au public.

1959 Fonte de la calotte glaciaire prévue

1959 Le physicien Edward Teller déclare à l’American Petroleum Institute (API) qu’il suffirait d’une augmentation de 10% de CO2 pour faire fondre la calotte glaciaire et submerger New York. « Je pense que cette contamination chimique est plus grave que la plupart des gens ne croit. »

1965 Président Johnson prévenu de l'impact du CO2

1965 Le Comité consultatif scientifique du président Lyndon Johnson déclare que «les polluants ont modifié la teneur en dioxyde de carbone de l’air à l’échelle globale», avec des effets qui «pourraient être nuisibles pour l’être humain». Le chef de l’API sonne l’alarme: «Le temps presse ». 

Années 1970 Recherches climatiques du secteur pétrole

Années 1970 Shell et BP commencent à financer des recherches scientifiques en Grande-Bretagne pour examiner l’impact des gaz à effet de serre sur le climat.

1977 Exxon prévenu de l'impact des combustibles fossiles

1977 Selon une plainte déposée récemment, des scientifiques d’Exxon auraient informé la direction en 1977 qu’il y avait un consensus «écrasant» sur le fait que les combustibles fossiles étaient responsables de l’augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique.

1981 Exxon prévenu de l'impact catastrophique de ses projets

1981 Chez Exxon, un mémorandum interne avertit «qu’il est tout à fait possible» que les émissions de CO2 résultantes des projets de la société pour les 50 années à venir «produisent à terme des effets qui s’avèreront catastrophiques (au moins pour une fraction considérable de la population de la planète)».

1988 Sénat américain prévenu de l'impact de l'effet de serre

1988 James Hansen, scientifique chez la NASA, déclare devant le Sénat américain que «l’effet de serre a été détecté et qu’il modifie déjà notre climat». Pendant la campagne présidentielle américaine, George Bush Sr dit: «Ceux qui pensent que nous sommes impuissants en matière d’effet de serre (greenhouse effect) oublient l’effet Maison Blanche (White House effect)… En tant que président, j’ai l’intention de prendre des mesures pour y remédier.»

1988 Shell prévenu du réchauffement climatique

1988 Chez Shell, un rapport confidentiel (en anglais) préparé pour son Comité de protection de l’environnement révèle que le CO2 pourrait faire grimper les températures de 1 à 2 ° C au cours des 40 années suivantes, avec des changements qui pourraient être «les plus importants de l’histoire». Le rapport fait appel au secteur de l’énergie pour agir sans tarder. «Au moment où le réchauffement climatique deviendra décelable, il pourrait être trop tard pour prendre des contre-mesures efficaces afin d’en réduire les effets, voire même de stabiliser la situation».

1989 Lobby pour contester la science climatique

1989 Des groupes industriels américains créent la Global Climate Coalition (GCC), un groupe de lobbying qui contestera les connaissances scientifiques sur le réchauffement planétaire et retardera les mesures visant à réduire les émissions. Exxon, Shell et BP y adhèrent entre 1993 et 1994. La GCC se dissout en 2001.

1990 Chercheurs payés pour contester le consensus climatique?

1990 Exxon aurait payé le Dr. Fred Seitz et le Dr. Fred Singer, chercheurs qui contestent le consensus généralisé sur le climat. Seitz et Singer étaient dans le passé payés par l’industrie du tabac, mettant en question les dangers du tabagisme. Singer nie qu’il soit rémunéré par le secteur du tabac ou de celui de l’énergie, et déclare que ses relations financières n’ont aucune influence sur ses recherches.

1991 Shell prévoit "bouleversement grave"

1991 Climate of Concern («Climat de souci», VO anglais, 28m30), film d’information publique produit par Shell, reconnaît qu’il existe «une possibilité de changements plus rapides qu’à n’importe quel moment depuis la fin de la période glaciaire, des changements trop rapides, peut-être, pour que la vie s’y adapte sans bouleversement grave».

1992 Sommet de Rio: enfants déjà indignés; Bush "USA sera chef de file"

1992 Au Sommet «Planète Terre» de Rio, les pays signent le premier accord international visant à stabiliser les gaz à effet de serre et à empêcher toute perturbation dangereuse du système climatique provoquée par l’homme. Le Sommet établit la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Le Président Bush Sr des Etats-Unis dit: «Les États-Unis ont bien l’intention de devenir le chef de file mondial de la protection de l’environnement global.»

Greta Thunberg n’est pas le premier enfant enragé!! Voir Canadienne Severn Cullis-Suzuki (VOSTF) déjà en 1992.

Et plus ça change….. Cullis-Suzuki et autres en 2011 (F et VOSTF)

1997 Conférence de Kyoto - Mobil: Science climatique "incertaine"

1997 Deux mois avant la Conférence de Kyoto sur le climat, Mobil (qui fusionnera plus tard avec Exxon) publie dans le New York Times une annonce avec la rubrique Reset the Alarm («Eteignons l’alarme»; texte en anglais), qui dit: «Soyons honnêtes: la science du changement climatique est trop incertaine pour mandater un plan d’action qui risquerait de bouleverser les économies.»

1998 Lobbying réussi - USA ne ratifie pas Kyoto

1998 Les États-Unis refusent de ratifier le protocole de Kyoto suite à une vive opposition des compagnies pétrolières et du GCC.

2009 Conférence de Copenhague minée par "Climategate"

2009 Conférence des Nations Unies sur le climat, Copenhague. Le sénateur américain Jim Inhofe, dont les principaux donateurs appartiennent au secteur pétrole et gaz, aura dirigé l’attaque de désinformation «Climategate», ciblant les scientifiques, le premier jour de cette conférence cruciale, qui finira dans le désarroi.

2013 Etude: 90 entreprises => 2/3 du carbone

2013 Une étude de Richard Heede, publiée dans la revue Climatic Change, révèle que 90 entreprises sont responsables de la production des deux tiers du carbone qui est entré dans l’atmosphère depuis le début de l’ère industrielle au milieu du 18ème siècle.

2016 American Petroleum Institute recule devant tollé

2016 L’API supprime une affirmation sur son site Web selon laquelle la contribution humaine au changement climatique serait «incertaine», qui avait soulevé un tollé.

2017 Secteur pétrole paie l'investiture de Trump

2017 Exxon, Chevron et BP donnent chacun au moins $500’000 pour l’investiture de Donald Trump comme président.

2019 OPEP s'en prend aux militants du climat

2019 Mohammed Barkindo, Secrétaire général de l’OPEP, représentant l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Algérie, l’Iran et plusieurs autres États pétroliers, déclare que les militants du climat constituent la menace la plus importante au secteur et affirme qu’ils induisent en erreur le public par des avertissements non-scientifiques sur le réchauffement climatique.

2020-2030 7 millions de barrils additionnels par jour

2020-2030 Les 50 sociétés pétrolières les plus grandes sont sur le point d’inonder les marchés de 7m de barils supplémentaires par jour au cours de la prochaine décennie, malgré les avertissements des scientifiques selon lesquels cela entraînerait un réchauffement catastrophique de la planète.

Une nouvelle étude pour le compte du quotidien britannique The Guardian prévoit que Shell et ExxonMobil seront en tête, avec une augmentation prévue de plus de 35% entre 2018 et 2030, soit plus marquée que celle des 12 années précédentes.

Cette accélération est le contraire de la réduction de 45% des émissions de carbone d’ici 2030 nécessaire, selon les scientifiques, si nous voulons en rester à un niveau relativement sûr de 1,5 ° C.

Ces projections sont établies par Rystad Energy, société de conseil norvégienne réputée dans l’industrie. Les principaux acteurs semblent faire fi des promesses des gouvernements, des alarmes scientifiques et du tollé général, en voulant extraire encore plus de combustibles fossiles, et donc de bénéfices.

Compte à rebours: combien de carbone l'atmosphère peut-elle encore absorber?

Compte à rebours vers la saturation de l’atmosphère (quotidien The Guardian; en anglais)

Join the discussion 2 Comments

  • BOUVIER Jean-François says:

    Nos autorités fédérales y.c le Conseil fédéral, de même que notre Conseil d’Etat et son Département de l’Economie, ont été sourds et muets sur le sujet, car obsédés par la croissance économique. Les cartes politiques doivent être redistribuées et d’autres politiciennes et politiciens doivent remplacer celles et ceux qui sont incapables de voir que le monde change.

  • bouvier rosalynne says:

    merci pour ce travail remarquable. L’article sur le compte à rebours m’hérisse les poils. Il faudrait qu’un journal de grande audience, voire la télévision soit au courant de cette chronologie.

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