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Ministère de la Vérité

Ministère de la Vérité

By 7 April 2018May 15th, 2018No Comments
Dans le dossier complexe de l’aéroport de Genève, un discours apparemment transparent obscurcit parfois la réalité. La «Newspeak» (novlangue) de George Orwell (1984) guette.

Croissance? Croit ou croît pas ?

Par exemple, dans une interview dans Le Matin du 7 mars 2018, le Directeur-général de l’aéroport nous rassure que «la croissance n’est pas une fin en soi». Mais la fiche fédéral pour l’aéroport (PSIA) ne parle que de croissance! La Confédération veut que l’aéroport puisse «se développer de manière à répondre à la demande»; elle veut «étendre l’exploitation de l’aire Nord de 22h à 24h»; et se fixe «l’objectif de viser» une capacité déclarée de 47 mouvements par heure à l’horizon 2030, contre 40 actuels.

Notre gentil aéroport

M. Schneider présente la renonciation à l’usage de la tranche 5h-6h comme une concession aux riverains au nom d’une «croissance qualitative». Or, si l’exclusion des atterrissages entre 5h et 6h est bien un choix de Genève Aéroport – dont nous sommes dûment reconnaissants – les décollages, eux, sont simplement interdits par la loi fédérale.

 

Climatisation sur mesure

Le Directeur admet que le PSIA ignore la question du climat, mais selon lui l’aéroport serait lié «par d’autres accords sur l’environnement». Mais le Plan climat cantonal exclut explicitement l’aéroport des calculs et mesures applicables à d’autres secteurs de l’économie. L’objectif général de ce Plan est de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990, tandis que pour l’aéroport c’est de stabiliser les émissions au niveau de 2014. Étant donné que les émissions totales en GES de l’aéroport sont à peu près égales à celles du secteur résidentiel (p. ex chauffage), tous les efforts amenés dans ce dernier seront annulés par le développement débridé du trafic aérien.

 

Fait-fiabilité

Enfin, la politique aéronautique 2016 de la Confédération prône le développement durable, qui comporte trois volets égaux: l’environnement, le social (p.ex. la santé) et l’économie. De plus, elle reconnaît que davantage d’efforts sont requis dans les deux premiers si on veut atteindre un vrai équilibre. Pourtant, le PSIA fait fi de ces engagements en priorisant systématiquement le volet économie. Donc si quelqu’un le décrit comme «très équilibré», on peut soupçonner l’influence du Ministère de la Vérité de Monsieur Orwell.

 

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